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Il devient de plus en plus difficile de passer à côté du phénomène BeReal. À une époque où les réseaux sociaux, et notamment Instagram, nourrissent divers fantasmes à travers des contenus toujours plus orientés vers la recherche constante de réussite sociale, cette application française a su prendre le contre-pied, en cherchant à démocratiser la diffusion d’un contenu beaucoup plus proche de la « réalité » quotidienne de ses utilisateurs. Et avec ce positionnement stratégique, symbolisé par le slogan « Tes amis pour de vrai », l’application connait un réel succès.
Comme ses concurrents Instagram ou Snapchat, BeReal se veut être une plateforme permettant la partage de photos, généralement à destination de ses amis. Mais contrairement aux réseaux sociaux cités, l’application créée en 2020 par deux Français présente un concept favorisant les photos « réelles », sans artifices : ni retouches, ni filtres ne sont disponibles, et les contenus doivent être envoyés dans un temps relativement limité afin d’empêcher une quelconque préparation.
Tous les jours, à un horaire complètement aléatoire, BeReal envoie une notification à ses utilisateurs pour leur proposer de partager ce qu’ils sont en train de faire à travers une seule et unique photo. S’ils veulent répondre favorablement au défi proposé par l’application, ces derniers disposent d’une courte période de 2 minutes pour partager leur activité de l’instant.
Cette photo, prise à la fois avec la caméra frontale et avec la caméra principale, sera alors dévoilée uniquement aux amis de l’utilisateur qui ont relevé le défi quotidien.
En d’autres termes, il faut forcément partager du contenu pour pouvoir consulter celui des autres, ce qui n’est pas le cas des principaux concurrents comme Instagram ou Snapchat, où il est possible d’adopter une activité entièrement passive sur l’application.
Vous l’aurez compris : le concept de BeReal est diamétralement opposé à celui d’Instagram. Et cela semble tout sauf anodin : il s’agit même d’une volonté totalement assumée par son co-fondateur, Alexis Barreyat, de s’opposer à la « dictature de la vie parfaite » instaurée en grande partie par ses principaux concurrents.
Une volonté visiblement partagée par bon nombre d’adeptes des réseaux sociaux. Si beaucoup ont une réelle attache aux contenus d’Instagram, d’autres ont eu tendance à se lasser de cette application au fil des années, et paraissent prêts à découvrir l’ambitieux concept de BeReal. Selon divers témoignages de personnes qui ont fait le choix de se passer d’Instagram pour adopter BeReal, il existe bel et bien des différences majeures entre les deux supports, notamment dans la façon d’approcher les réseaux sociaux.
Basé sur un système d’amis mutuels à l’image de Facebook ou de LinkedIn, BeReal impose la particularité de nécessiter un certain nombre de proches également inscrits sur l’application pour rendre celle-ci divertissante. Sans ami présent sur l’application, celle-ci n’aurait aucune utilité, contrairement à Instagram, Snapchat, TikTok ou même Twitter, où il est possible de consulter des contenus publics.
Cette particularité peut avoir divers effets : elle peut décourager certains membres, trop seuls, à utiliser l’application, comme elle peut en encourager d’autres à faire la promotion du concept par le principe du bouche-à-oreille, car il est dans leur intérêt de posséder le plus d’amis possible sur la plateforme.
L’autre grande particularité de BeReal réside dans le temps passé sur l’application. Contrairement à Instagram, qui cherche à pousser les utilisateurs à rester le plus longtemps possible sur ses contenus, BeReal vise à limiter l’usage quotidien de son service à quelques minutes par jour : le temps de prendre une simple photo et de consulter celles de ses amis. Un détail qui n’en est pas un. Si Instagram peut être vu comme un formidable moyen de « perdre du temps » par bon nombre de personnes, l’application américaine est aussi une façon de combler les quelques temps morts d’une journée. Une chose que BeReal ne peut, pour le moment, pas assurer à ses millions d’utilisateurs.
Cependant, il semblerait que les contenus de BeReal aient un impact positif sur ses utilisateurs et leur quotidien. À travers ces publications instantanées, sans préparation ni artifices, l’application française serait parvenue à limiter les complexes de certains utilisateurs, qui peuvent désormais constater la partie la plus banale du quotidien d’autrui, lorsque les contenus Instagram laissent généralement entendre que tous les quotidiens sont constamment animés.
Force est de constater que le concept inventé par les deux anciens étudiants de l’école 42 plaît aux masses. D’abord utilisée par des campus universitaires, BeReal s’est très largement étendue et comptait, en mais dernier, pas moins de 10,7 millions de téléchargements dans le monde. Une croissance hallucinante, qui a d’ailleurs poussé le fonds d’investissement américain Andreessen Horowitz à accompagner l’entreprise française dans son développement avec un financement estimé à 30 millions de dollars en juin 2021.
Cependant, si le concept plaît à des millions d’utilisateurs, et notamment aux Etats-Unis où elle rencontre un succès phénoménal depuis quelques mois, l’application n’a, pour le moment, que très peu de moyens de monétiser son audience. En effet, son service est entièrement gratuit, et le faible temps d’activité de chaque utilisateur sur la plateforme ne favorise pas la diffusion de publicités, qui reste l’une des principales sources de revenus de ses principaux concurrents.
Des changements en ce sens pourraient donc très probablement intervenir dans les prochains mois sur l’application, alors que la communauté BeReal ne cesse de s’agrandir.
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Cindy